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Chez Clarabel

21 mars 2007

A Perte de Vue (Amanda Eyre Ward)

 

Trois soeurs grandissent dans la petite ville de Holt, près de New York, en se serrant les coudes. Leur vie de famille n'est pas rose : le père boit et la mère a perdu tout sens de la réalité en planant à dix mille pieds. Un jour, elles décident de changer de vie et font le projet de fuguer vers le sud. Cependant, au moment de partir, Ellie, la plus jeune âgée de cinq ans, disparaît. Seize ans plus tard, Madeline, la cadette, tente de convaincre sa soeur Caroline et leur mère de déclarer la jeune fille morte, pour les besoins d'une autre affaire criminelle. Les dA_perte_de_vueeux femmes refusent, elles ont chacune l'espoir de retrouver Ellie. D'ailleurs, leur mère pense avoir retrouvé la trace d'Ellie dans le Montana. Elle supplie Caroline de partir à sa recherche.

"A perte de vue" est un roman où l'on parle d'amour, de drame et de mystères. A partir de la disparition d'une gamine de cinq ans, une famille va apprendre la dissolution et la reconstruction. Deux soeurs, pourtant unies dans leur enfance, vont se séparer et ne plus se comprendre. Leur vie d'adulte est opposée, l'une vit dans un monde de rêves et l'autre est plus pragmatique. Au centre, leur mère tente d'apporter un équilibre familial, jusque là fragile et bancal, mais elle est elle-même terriblement dévastée. La disparition d'Ellie est restée une plaie béante, un mystère, un drame secret, qu'il faut soit étouffer et ne plus évoquer, soit entretenir pour ne pas oublier. Ce roman est une leçon d'espoir, d'espérance. L'héroïne principale, Caroline (on suit longtemps ses monologues) est une attachante célibataire de 32 ans, qui cherche également à fonder sa propre vie, sur les décombres du passé familial. Roman d'apprentissage ou, tel un road-movie, l'histoire va se construire pas à pas, avec des flashbacks, "A perte de vue" est un roman étonnant, accrocheur et construit avec intelligence. Ce livre a été une agréable surprise pour moi, je vous le conseille !

Buchet Chastel

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21 mars 2007

Le combat d'hiver - Jean Claude Mourlevat

combat_d_hiver

Résumé

Dans un pays imaginaire, des orphelins sont dans un internat qui ressemble à une prison. Cet hiver-là, une lettre leur révèle qu'ils sont les enfants d'une génération d'hommes et de femmes éliminés une quinzaine d'années plus tôt par la faction totalitaire qui a pris le pouvoir. Quatre d'entre eux veulent s'évader.
Prix jeunesse France Télévisions 2006 (roman), prix Sorcières 2008 (romans ados).

Mon avis

"Le combat d'hiver" est un roman hors du commun, livrant une histoire sans concession en voulant dénoncer une société opprimée qui a soif de liberté. Le totalitarisme a ici pour nom la Phalange. Cela débute dans un pensionnat pour adolescents, où Helen, Milena, Bartolomeo et Milos reçoivent une éducation stricte et sévère. Il n'y a pas une seule étincelle de joie, de bonheur, de promesse ou d'espoir. C'est sinistre, mais déjà on sent que ce récit va nous embarquer loin, dans son univers et dans son combat.

Car c'est un roman audacieux, abordant des sujets sensibles (la dictature, les combats de gladiateurs, l'oppression envers les plus faibles, la torture, la mort). Oui, c'est étonnant pour un roman édité jeunesse mais c'est du Mourlevat. Le talent de cet homme n'est plus à démontrer, il peut tout écrire, tout proposer, c'est forcé que ça plaise. Et puis il connaît la frontière entre ce qui dénonce et ce qui est bêtement racoleur. Jamais chez lui on ne basculera dans l'horreur pour créer la sensation. L'homme est intelligent, son roman également. Il y a une vraie force derrière l'atmosphère de terreur qui règne dans LE COMBAT D'HIVER, un désir de vaincre et de vivre qui anime les personnages, lesquels sont guidés par des sentiments nobles (ceux de l'amour et de l'amitié).

Je vous épargne le catalogue des êtres étranges qui peuplent cet univers, c'est mieux d'en préserver la surprise. Comme je vais m'abstenir de vous présenter l'histoire, c'est beaucoup mieux d'entretenir le suspense en cultivant le doute et le mystère. De toute façon, vous ne serez nullement déçus - cette lecture est passionnante, sombre et intransigeante, son pouvoir d'attrait est irrésistible et la séduction fatale. Le rythme de lecture est soutenu, jamais on ne s'ennuie, le seul regret pourrait être cette fin précipitée et plutôt conventionnelle (là, oui je retrouve mon étiquette de l'édition jeunesse). Mais je ne peux en aucun cas m'avouer défaitiste ou déçue car ce roman reste pour moi formidable et captivant. Il FAUT le lire ! 

Gallimard jeunesse, 2007 -  330 pages.  15€

20 mars 2007

Angel of Harlem

(For Billie Holiday)

It was a cold and wet December day
When we touched the ground at JFK
Snow was melting on the ground
On BLS I heard the sound
Of an angel

New York, like a Christmas tree
Tonight this city belongs to me
Angel

Soul love
This love won't let me go
So long
Angel of Harlem

(...) Lady Day got diamond eyes
She sees the truth behind the lies
Angel

  • Tiens, en passant quelques viles tentatrices ... Lilly  &  Emjy ... et un forum charmant ! (ok, rien n'est lié ... mais chut, je divague !!!)

20 mars 2007

Mort d'un silence ~ Clémence Boulouque

"Je suis la fille du juge Boulouque, et cela ne rappelle plus rien à personne." Clémence Boulouque est bouleversante: de sa plume grave et légère, pleine de tendresse et de rage au coeur, elle se délivre de son enfance. Elle n'était pas une simple jeune fille insouciante, elle était fille du juge qui avait en charge les dossiers anti-terroristes des années 80.

Personnellement, je ne savais pas non plus qui était le juge Boulouque. Je n'ai pas le souvenir de la terreur des années 80: j'avais l'âge de la narratrice. Je partage avec elle cette insouciance d'une gamine qui grandit en écoutant Elsa, qui mange trop de sucreries et qui taquine son père en lui reprochant son absence de plus en plus. Mais ce qui rend la jeune fille différente de toutes les gamines ordinaires, c'est que Clémence était escortée par des gardes du corps, Clémence apprenait de la bouche de son père les mécanismes des bombes à la nytroglycérine, Clémence ne sortait jamais seule, Clémence n'avait pas de petits copains et Clémence n'avait jamais les cheveux mouillés quant il pleuvait à verse... Une voiture blindée, des gardes aux portes, un sac d'école oublié et les démineurs sont sur le qui-vive, bref: l'enfance de Clémence est impressionnante et sous haute surveillance. Au point que la jeune fille souhaitait secrètement que tout ça finisse pour en être délivrée et pouvoir vivre normalement. Hélas la délivrance arrive avec le suicide de son père, deux semaines avant Noël.

Le texte de Clémence Boulouque est émouvant. C'est le témoignage d'une jeune fille devenue injustement orpheline, et qui porte l'éternel regret d'avoir été trop capricieuse et méchante avec son père (pour lui faire payer ses absences). En septembre 2001, elle est à New York. Dans ce pays où elle a cherché à reconstruire sa vie, à oublier et panser ses peines, son passé la rattrape. Les mots de son enfance coulent sur le papier, entre les souvenirs heureux et les moments graves, entre le désir d'être ordinaire et la conscience de demeurer la Fille du Juge. C'est beau, c'est touchant. Clémence Boulouque nous livre un texte magnifique sous forme d'un gros sanglot à jamais contenu.

mars 2004

20 mars 2007

L'insupportable Bassington - Saki

bassingtonFrancesca Bassington se désespère de sa situation : à tout moment, la maison léguée par une vieille amie, et qu'elle occupe avec ses beaux objets de valeur, peut être rendue à la nièce de celle-ci, sitôt que la demoiselle trouve chaussure à son pied ! Francesca est bouleversée. Elle décide de remettre son triste sort entre les mains de son fils Comus, espérant de lui qu'il conclue un riche mariage avec la jeune Elaine de Frey...
Hélas, Comus est de la race de "ces indomptables champions du désordre qui s'ébattent en s'excitant eux-mêmes (...) mais, le plus souvent, leur tragédie commence lorsqu'ils quittent l'école, pour se déchaîner dans un univers devenu trop civilisé, trop encombré et trop vide pour qu'ils puissent y trouver place".
Comus Bassington appartient à cette engeance, autant dire que sa cause est désespérement fâcheuse et vouée à la pire ânerie. De plus, il n'est pas seul à faire la cour à cette riche demoiselle, un autre prétendant du nom de Courtenay Youghal, grand camarade de Comus, marivaude sur ses plates-bandes.

Et l'histoire se poursuit dans ce joyeux badinage de manières où l'acrimonie côtoie sans vergogne la mesquinerie. Il faut les voir, toutes ces belles personnes de la société post-victorienne, dans leur salon de bridge ou dans une salle de théâtre. C'est un concours de perfidies, de bas calculs et de potins étalés dans la mare aux canards. Ah, il ne faut pas être fier de ces entourloupes précieuses, dont Saki pioche avec allégresse et facétie. Son style est mordant, plutôt drôle, mais sous couvert d'épingler les travers de ses pairs. "L'insupportable Bassington" est un roman où on y découvre la verve de ce génie excentrique, c'est à savourer sans retenue !
A noter : 4 nouvelles "inédites" (L'étang, Des propos inconsidérés, Un coup pour rien, L'almanach) suivent ce roman.

Pavillons poche, Robert Laffont - 260 pages.

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19 mars 2007

Vingt-quatre heures d'une femme sensible - Constance de Salm

vingt_quatre_heures"Vingt-quatre heures d'une femme sensible", roman épistolaire qui se propose de "peindre la jalousie, non dans ses fureurs, mais dans les douleurs dont elle accable une âme ardente et sensible", en 46 lettres écrites dans un espace de temps répondant aux unités de la tragédie ou de la comédie classiques, d'un mercredi, à une heure du matin. (postface de Claude Schopp)

Il faut lire ce livre et en savourer minute par minute chacune des lettres écrites pour cette femme anonyme qui souffre le martyr après être rentrée d'une soirée où son tendre ami l'a quittée au bras d'une autre.. Aussitôt les plus folles pensées la gagnent, le doute, l'atermoiement, la douleur, la rage, la folie. Cette amoureuse éplorée, incapable de se raisonner, ou juste le temps d'une lettre, passe donc sa journée à tourner en rond, à écrire des lettres enflammées. Tour à tour, les sentiments les plus ardents la brûlent. Et même les "égarements de l'imagination" la submergent. C'en est trop pour cette femme, elle sombre, elle pleure, son honneur semble perdu...

C'est simplement superbe et écrit avec une virtuosité admirable. Constance de Salm décrit avec justesse et sensibilité un coeur pur, un coeur simple, un coeur juste. Son héroïne est une passionnée, qui dérive et divague, elle passe des sentiments les plus exaltés aux menaces d'en finir avec la vie. Elle promet, elle menace. Telle lettre est sensée être la dernière, plus jamais elle n'accordera un regard, une pensée pour cet homme qui l'a trahie, et puis non... son amour est trop fort, trop déraisonnable.

"L'amour !... Qu'est-ce que l'amour ?... Un caprice, une fantaisie, une surprise du coeur, peut-être des sens; un charme qui se répand sur les yeux, qui les fascine, qui s'attache aux traits, aux formes, aux vêtements même d'un être que le hasard seul nous fait rencontrer. Ne le rencontrons-nous pas ? rien ne nous en avertit, ne nous trouble... nous continuons de vivre, d'exister, de chercher des plaisirs, d'en trouver, de poursuivre notre carrière comme si rien ne nous manquait !... L'amour n'est donc pas une condition inévitable de la vie, il n'en est qu'une circonstance, un désordre, une époque... que dis-je ? un malheur ! une crise... une crise terrible... elle passe, et voilà tout."

Phébus, 150 pages.

Constance de Salm, c’est Constance de Théis, née en 1767, épouse du chirurgien Jean-Baptiste Pipelet, poétesse et tragédienne dont « Sapho » tragédie lyrique triompha au théâtre. C’est l’auteur de « L’épître aux femmes » qui la range aux côtés des défenseurs du droit des femmes, au moins dans le domaine des arts et de la culture. Devenue par son deuxième mariage la comtesse de Salm, elle tient salon et on rencontre chez elle l’élite intellectuelle de la nation. On y croise Stendhal et Alexandre Dumas.

Cette lecture m'a fait repenser à ce livre-ci :

laissez_moi"Laissez-moi", autrefois baptisé "commentaire", est le long récit d'une jeune femme, en cure de repos pour grave maladie, qui reçoit une lettre de son fiancé lui annonçant la rupture, mais d'une manière complètement insultante: "Je me marie avec une autre... que notre amitié demeure...". Ce livre c'est donc la longue réponse que la jeune femme souhaiterait lui donner. Et à travers son récit, elle revient sur cet homme, ce goujat, et sur les exigences de l'amour, l'emprise sur les femmes etc..
C'est très poignant, criant de vérité et de sensibilité. Ce récit a été rédigé dans les années 30 mais son contenu demeure d'actualité et nous interpelle encore aujourd'hui. On est d'autant plus touché, sachant que son auteur, Marcelle Sauvageot est décédée peu de temps après (des suites de sa maladie), au jeune âge de 34 ans.  Phébus, 112 pages - réédition février 2004.

18 mars 2007

Le jugement de Léa ~ Laurence Tardieu

Etrange, la raison pour laquelle Léa a tué son enfant, Théo, quatre ans. Pourquoi ? Personnellement je n'ai pas bien compris, et les quelques explications fournies par l'héroïne ne me suffisent pas et ne légitiment pas son acte (à mes yeux). Je crois que l'auteur aurait dû davantage creuser son personnage central, poursuivre dans sa lancée et nous émouvoir un peu plus.
"Le jugement de Léa" est l'histoire d'une jeune femme qui attend le verdict de son jugement. Elle a tué son petit garçon. Depuis, elle n'a plus ouvert la bouche et n'a rien dit à personne, rien dit de son geste, rien expliqué.

En attendant, donc, la jeune femme émeut son gardien qui arrive à briser sa carapace et à 'délivrer' celle-ci. Lentement Léa va raconter son parcours, depuis son enfance dorée, entourée de parents qui ne s'aimaient plus et n'ont jamais su donner de l'amour. Puis, pour fuir ce cauchemar, elle se précipite dans un mariage luxueux mais qui n'arrive pas à la remplir non plus. Elle quitte son mari, rencontre des hommes, mais toujours rien...

Combler son vide, combler sa solitude. Lorsqu'elle apprend qu'elle est enceinte, Léa pense s'en sortir et croit former avec son fils deux solitudes. Jusqu'au jour où ce petit garçon va la regarder autrement. "Que dit-on à un enfant de trois ans qui n'a pas connu son père et soudain le réclame? Que dit-on à un enfant de trois ans dont le père a été un amant de quelques heures, un corps de passage, un corps pour combler le vide? Dit-on la vérité? Et quelle vérité? Que s'est-il passé? Rien, ou presque." Léa est touchante et froide. Silencieuse et meurtrie. "Je n'avais pas imaginé la difficulté d'élever seule un enfant." Non, et c'est tout son drame.

Laurence Tardieu signe un roman grave, solennel et implacable. L'ambiance est pesante, mais le fond de cette histoire nous bouleverse envers et contre tout.

mars 2004

17 mars 2007

Elu produit de l'année

Ah ! depuis le temps qu'on l'attendait ... Découvert l'an dernier dans l'émission La Nouvelle Star, Christophe Willem a su emballer quelques fidèles de la blogosphère. Depuis, plus rien. En tant que gagnant, il était sensé nous offrir un disque ?! Eh bien oui ! le temps de le peaufiner (mieux vaut...), la sortie de son Inventaire est programmé courant Avril ! En attendant, voici Elu produit de l'année ...

Psst, Monsieur a un chez-lui...

16 mars 2007

Tobie Lolness, Tome 1 la vie suspendue - Timothée de Fombelle

tobie_lolness_couvRésumé

Tobie Lolness, un millimètre et demi, appartient au peuple du grand chêne. Le père de Tobie, savant génial et sage, a refusé de livrer le secret d'une invention pour transformer la sève de l'arbre en énergie motrice. Furieux, le Grand Conseil a condamné les Lolness à l'exil dans les basses branches, territoire sauvage. Tobie y rencontre Elisha.
Prix Tam-Tam Je bouquine 2006 (Salon de Montreuil).

Mon avis

Il faut savoir que lire ce roman est un appel vers un ailleurs envoûtant et enchanteur. Pas seulement destiné à la jeunesse, ce livre est une invitation à la poésie, la philosophie et le respect pour l'environnement. L'arbre dans lequel vit et bondit le jeune Tobie détient un coeur qu'il faut sauver et préserver de la vilennie du terrible Jo Mitch. L'idée qu'une communauté s'affaiblit à force de subir la peur et l'humiliation fait émerger une étrange dualité entre l'amour et la trahison. Car dans ce roman on s'aperçoit bien vite qu'il est tout aussi facile de dénoncer et de s'en mordre les doigts, de combattre et de tromper les apparences.

Il y a cette volonté d'indétermination distillée par l'auteur et qui permet ce constat de rebondissements pour casser la routine et l'attente. Jusqu'à la dernière page, le souffle est tenu en haleine. Tobie Lolness est un garçon remarquable, qui ne manque jamais de ressources, malgré la somme d'épreuves offertes. Les personnages qu'il croise ont ces contours flous qui les rendent insaisissables. C'est une prodigieuse réussite, un joli monde sans magie, sans esprit surnaturel. C'est de la poésie, vibrante et touchante, accessible pour tous les lecteurs ! 

tobie_lolness

Gallimard jeunesse, avril 2006 - 311 pages. 16€
Illustrations de François Place. 
Le tome 2 Les Yeux d'Elisha va paraître à la mi-avril !

15 mars 2007

2 romans pas que pour la jeunesse

Atrabile, Hélène GaudyJ'avais été séduite par la plume d'Hélène Gaudy en découvrant son roman "Vues sur la mer" (ed. Impressions Nouvelles, 2006) et c'est aussi naturellement que j'ai apprécié son style et son univers avec ce 1er roman destiné pour la jeunesse (mais pas seulement, j'entends par là aussi tout ceux qui pensent que cette littérature n'est pas mineure mais très riche et intéressante ).

Atrabile est le nom de code d'un adolescent de 15 ans, Thomas. Il vient de perdre son grand-père, a accompagné ses parents aux funérailles, empaquetté quelques bricoles qui rappellent le disparu avant de rentrer chez eux à Paris. Là où les choses ont commencé à aller de bancal, selon lui. Voilà pourquoi il a décidé un soir après le lycée de ne pas rentrer chez lui et de prendre le train pour partir dans le Sud vivre dans l'appartement du grand-père. Nom de code, mission secrète.. Atrabile est un garçon mystérieux et qui a soif de dessous obscurs.

En fait, Atrabile est paumé. Il ne connaissait pas du tout son grand-père car l'homme refusait de lui parler. C'est une blessure secrète pour l'adolescent, un détail qui n'a jamais fait l'objet de discussion dans sa famille. Pourquoi tant de silences ? En se rendant dans l'appartement du défunt, Atrabile espère faire connaissance avec le fantôme du grand-père. Il fouille les cartons et feuillette les albums pour dessiner un portrait du disparu (et si ça pouvait coller avec l'image du héros mystérieux qu'il s'imagine, ça serait formidable !..). Mais bon...

Sur place, il fait la rencontre d'une jolie fille, une rescapée de l'Apocalypse, pense-t-il, une fille qui pourrait le comprendre.

Alors voilà, ce petit roman est charmant, écrit avec sensibilité, narrant la mémoire d'un grand-père grincheux dont l'auréole de gloire a été héritée de ses exploits passés. C'est difficile pour un garçon de faire connaissance avec cet ancêtre qui semblait préférer la vie de ses proches dans des albums au lieu de les apprécier dans la vraie vie. La quête d'Atrabile est par certains aspects nimbée de nostalgie, de douceur et de tristesse. Et d'un autre côté, le garçon se confronte à la réalité avec une lucidité et une fraîcheur propres à son âge. Soit, l'auteur ne va pas au bout des choses, laisse encore des zones dans l'ombre, mais après tout ce n'est pas grave. On en retient d'avoir lu un très beau roman qui recèle toute la fragilité d'un adolescent mis en présence de l'absence et de la mort. C'est très bien écrit, et c'est une lecture susceptible de rattacher parents et enfants !   Le rouergue, mars 2007.

IMGP3362

Rouge métro,  Claudine Galea - Il y a sept mois déjà, Cerise a subi un choc considérable. C'était un lundi du mois de juin. Elle rentrait de chez sa meilleure amie Clara pour retrouver son père. Il n'était pas encore 22 heures et elle a l'habitude de prendre le métro depuis l'âge de 11 ans... Ce jour-là, elle avait mis sa belle robe rouge toute neuve.

J'essaie de me souvenir. De mettre dans l'ordre. Je me souviens et je fais partir les choses. De cet endroit, là. Là. Je ne sais pas nommer. Un endroit dedans. Qui fait mal quand je passe dessus. Je passe dessus sans m'arrêter. Je vérifie. La douleur est toujours là. Elle ne part pas. C'est même le contraire, elle augmente.

Cerise est une jeune fille ordinaire, qui n'a jamais eu peur de prendre le métro. Elle y a en fait découvert que c'était là un endroit excitant où elle pouvait écouter les gens parler. Cerise adore entendre les mots des autres, elle écoute, elle note des bouts, des monologues entiers, retient et compose ensuite sa petite popote. Cerise est une grande sensible, émue par des visages, des larmes, des cheveux; elle est aussi très touchée par les sans-abris qui prennent le métro avec des discours qui la mettent à l'envers. Elle ne s'habitue pas à ce qu'il y ait des gens aussi seuls, aussi abandonnés.

Comme ce soir-là, cet homme aux yeux verts a lancé son propos, avec la hargne et le ras-le-bol. Ce type est au bout du rouleau. Pas qu'un peu... Quand on commence à entrer dans l'histoire de Cerise, on ressent tout le poids et le souffle du drame. On se demande ce qu'il s'est passé, on veut savoir. Le dénuement de Cerise est à la fois accablant et émouvant. On dévore son histoire qui déroule le film de ce soir-là. Le charme qui s'en dégage nous rend quasi extatique, fasciné. On boit les paroles de Cerise, on se nourrit de son désespoir. C'est froid, c'est poignant et on en sort avec une grosse boule au ventre. Franchement, ne passez pas à côté ! C'est un petit livre qui ne paie pas de mine et pourtant il est capable de vous renverser illico.  Complètement bouleversant !  Le rouergue, mars 2007.

A noter : ce livre figure parmi la nouvelle collection de romans pour adolescents, doAdo Noir. Parce que la collection a la réputation d'être sans concessions, les éditions du Rouergue ont voulu afficher d'emblée la couleur. Dans doAdo Noir, ce sont des histoires à vif, qui jouent du mystère, du suspense ou du frisson, et qui éclairent les zones sombres et frappent toujours fort.

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