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Chez Clarabel
14 octobre 2013

La Maison de Soie: Audiolib lu par François Montagut

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Watson est au crépuscule de sa vie, mais avant de tirer sa révérence il souhaite confesser une aventure particulièrement bouleversante, au cours de laquelle Sherlock et lui ont bataillé avec une enquête délicate, dangereuse et sulfureuse ! Toutefois, il avait promis de n'en rien dévoiler de son vivant. Son texte, donc, sera confiné dans un coffre et publié près d'un siècle plus tard. Tout débute par une rencontre ordinaire, avec un marchand d'art qui prétend être suivi par un individu et qui s'inquiète pour sa famille. Très vite, Sherlock et Watson vont retrouver le suspect, avec un couteau planté dans le cou ! C'est suite à la disparition d'un complice de Wiggins, le jeune Ross Dixon, que l'affaire prendra un tour préoccupant.

Pour la toute première fois, Sherlock voit ses inébranlables certitudes en prendre un coup dans l'aile ! Il est passé complètement à côté d'un indice important, lequel aura des conséquences tragiques. Cela va d'ailleurs lui faire prendre conscience de son manque de considération pour les gamins des rues, qu'il exploite à tort ou à raison, à l'image de toute la société qui se contrefiche du sort de ses gosses sans le sou, qui perdent leur innocence sur les trottoirs et mettent en péril leur vie à chaque seconde. Eh oui, c'est une grande première chez Sherlock Holmes ! Se soucier des autres, par pur altruisme. o_O

C'est à ces petits détails qu'on reconnaît le pastiche. Sans quoi, Anthony Horowitz a su répondre aux exigences du cahier des charges en offrant une intrigue redoutablement efficace et absolument divertissante. Les descriptions sont pointilleuses, avec un sens de la théâtralité qui pousse aux soupirs ... d'admiration ou d'exaspération. Soit c'est surjoué, soit c'est assez fidèle à l'esprit de la série, ou disons que c'est suffisamment approximatif pour faire illusion. Ne chipotons pas, après tout Sherlock a souvent été copié, mais jamais égalé ! Techniquement, François Montagut n'a pas déçu un seul instant et offre une lecture maîtrisée et captivante.

La Maison de Soie, par Anthony Horowitz (Audiolib, mars 2012 - texte intégral lu par François Montagut - durée d'écoute : 10 h 12 - traduit par Michel Laporte pour Hachette - Calmann Lévy, 2011 - existe en format poche)

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20 février 2014

Big Nate est tombé sur la tête, par Lincoln Peirce

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Il s'agit déjà du 5ème titre de la série Big Nate ! Une lecture toujours aussi réjouissante pour les 8/11 ans (et plus) qui n'aiment pas trop lire et qui jugent opportun ce mélange de roman et BD assaisonné de situations comiques, et mettant en scène des collégiens auxquels ils pourront aisément se reconnaître.

Au centre, Nate est un personnage impayable : son sens de la répartie et son don pour s'attirer les ennuis font de lui un héros très attachant ! Cette nouvelle histoire met en avant son problème de rangement : le garçon est un grand, grand bordélique. Son casier ne ressemble à rien. Ses copies sont sales. Même les livres empruntés à la bibliothèque ont l'air de vieux chiffons usés après un passage entre ses mains.

Aussi, lorsqu'il a besoin de l'appareil photo de l'école, il supplie son meilleur pote Francis de se griller pour lui. Il a promis, juré, il y veillera comme à la prunelle de ses yeux. Et pourtant, l'appareil photo va disparaître du casier. Les deux amis se disputent, Nate se sent responsable et ne peut compter que sur cette chère Dee Dee pour trouver une solution.

Une séance d'hypnose plus tard, Nate est méconnaissable : appliqué, scrupuleux, consciencieux, il fait le bonheur de ses professeurs (rend des devoirs impeccables et devient un élève modèle), mais déconcerte son entourage (son père est encore sous le choc !). L'enquête suit en cours et Dee Dee s'improvise Super Espionne. C'est franchement très drôle. Quid de son amitié avec Francis ? Là aussi, tout va finalement rentré dans l'ordre. La morale est sauve.

Voilà une lecture simple et amusante, qui réussit toujours à gagner l'intérêt de ceux qui n'aiment pas trop lire... chaque rendez-vous avec Big Nate est la promesse d'une bonne partie de rigolade. Dans cet épisode, on trouve aussi des messages codés que les lecteurs devront déchiffrer s'ils veulent connaître les propos tenus par Nate et ses potes. (J'en connais qui adore ça !)

Gallimard jeunesse, novembre 2013 - traduit par Jean-François Ménard

****************

Actuellement, sur le marché, on trouve de plus en plus de livres dans le même goût, c'est-à-dire qui mélangent le roman et la bande dessinée (ou les illustrations en pagaille). Les livres se permettent ainsi d'afficher plus de 300 pages, en mettant l'accent sur les situations comiques et l'humour saugrenu, c'est plus facile pour les lecteurs réticents qui ne voient pas le temps passer et prennent aussi beaucoup de plaisir à suivre les péripéties de personnages ordinaires, dans lesquels ils peuvent se reconnaître.

LA référence absolue, c'est bien sûr Le Journal d'un dégonflé de Jeff Kinney. La série compte déjà 7 tomes. Nul besoin de les suivre dans l'ordre - l'humour est toujours de mise. Greg Heffley incarne l'anti-héros par excellence (mauvaise foi et maladresse sont son lot quotidien). À chaque fois, la lecture fait mouche, les lecteurs en redemandent  ! 

Journal d'un dégonflé, tome 7 : Un coeur à prendre par Jeff Kinney (Seuil jeunesse, février 2014)

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... mais les aventures de Tom Gates, le héros de la série écrite par Liz Pichon, sont excellentissimes dans le même style ! Lui aussi peut se targuer d'être un gentil clown sympathique, qui arrive toujours en retard à l'école et oublie souvent ses devoirs à rendre, il adore dessiner en classe et a pour meilleur pote Derek avec lequel il tente de lancer un groupe de rock (les clebs zombies)... Délires assurés. ☺

Tom Gates, Tome 3 : Tout est génial ! (... ou presque) par Liz Pichon (Seuil jeunesse, mai 2013)

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Sans oublier les incroyables aventures d'Origami Yoda et du Kraft Vador (pour les fans de Star Wars, les allusions sont impayables... pour les autres aussi, je vous rassure) ! Cela se présente telle une série de témoignages drôles et touchants qui démontre qu'au collège comme ailleurs, « une vertu la solidarité est ». On sourit tout le temps, le style est décomplexé, les personnages tous attachants... il existe d'autres livres à paraître dans cette série, j'espère que l'éditeur français continuera sur cette belle lancée !

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Origami Yoda, tome 2 : Kraft Vador contre-attaque, par Tom Angleberger  (Seuil jeunesse, avril 2013)

Tous trois traduits par N. Zimmermann

13 mars 2014

Cet instant-là, par Douglas Kennedy

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Je poursuis ma découverte des romans de Douglas Kennedy, avec ce titre qui n'a pas su soulever un enthousiasme débordant. L'histoire de Thomas Nesbitt, écrivain à succès, soudainement confronté à son divorce après vingt ans de vie commune, est aussi l'occasion de le renvoyer à un passé pas très lointain, celui de sa folle jeunesse, dans les années 80, où il a débarqué dans la ville de Berlin, alors coupée en deux par un mur.

Thomas replonge ainsi dans les souvenirs de sa passion amoureuse pour une jeune femme exilée de l'Est, Petra. Belle, mystérieuse, fascinante. Son histoire personnelle l'avait également rendue mélancolique et à fleur de peau, mais elle avait su trouver auprès de Thomas un réconfort et la promesse de lendemains meilleurs. Elle lui avait aussi confessé son parcours, avec son lot de drames et de déchirures. Bref, tout allait pour le mieux entre eux deux. Et puis, il y a eu « cet instant-là », le fameux...

Alors je ne vous cache pas que la lecture est longue, très longue, surtout le début, mais la partie rétrospective n'apporte pas non plus de regain ni de souffle nouveau. Encore des longueurs, en plus des clichés, et l'histoire d'amour qui se révèle mélodramatique, mais surtout sirupeuse et larmoyante. Pff, quoi. Sans compter que j'ai toujours beaucoup de mal à m'attacher aux personnages de D. Kennedy, j'ignore pourquoi mais ça ne prend pas.

J'ai alterné ma lecture papier avec la version audio, presque irréprochable comme d'habitude, par contre j'ai un problème, dès qu'une voix masculine aborde les dialogues ou les personnages féminins, ça coince. Les interventions de Marcha Van Boven sont trop rares, dommage, cela aurait pu compléter l'interprétation, sincère et poignante, de Philippe Résimont et rendre l'ensemble plus crédible.

Audiolib ♦ novembre 2011 ♦ texte intégral lu par Philippe Résimont et Marcha Van Boven (durée d'écoute : 17h 41) ♦ traduit par Bernard Cohen pour les éditions Belfond ♦ en format poche chez Pocket (janvier 2013)

9 juin 2014

Quand souffle le vent du nord, par Daniel Glattauer

Quand souffle le vent du nord

Deux inconnus entament une relation épistolaire (par mail) tout à fait anodine, mais au fil du temps celle-ci ressemble de plus en plus à du badinage amoureux. Après tout, pourquoi pas ? Leo se remet tout juste d'une rupture sentimentale difficile, par contre Emmi... c'est beaucoup plus compliqué. La jeune femme est mariée, elle l'affiche d'emblée, se dit comblée et épanouie. So what ? Qu'est-ce qui la pousse, jour après jour, à consulter sa messagerie pour y glaner un message de son correspondant anonyme ? Affamée, insatiable, impatiente, excitée, bref une véritable amoureuse ! Le jeu est également pimenté par leur refus de se rencontrer en vrai. Ils demeurent ainsi deux fantasmes, parfaitement intouchables. Contrairement à la plupart des lecteurs, j'ai très peu adhéré à l'histoire, qui me pose un réel cas de conscience. À partir de quand estime-t-on être infidèle ? peut-on se sentir libre de tout dire, sous prétexte que c'est par écrit, et parce qu'on ignore tout de l'autre, derrière son écran ? Je n'ai absolument pas capté les motivations de la jeune femme, Emmi est entière, limite capricieuse et exigeante, sa relation avec Leo est pour moi tout à fait illogique et incongrue. (Son correspondant est devenu “sa chose”, mais elle lui propose de rencontrer sa meilleure amie célibataire, très belle et sensuelle, là elle pique une crise de jalousie sitôt qu'elle comprend que ces deux-là se sont trouvés et lui échappent ... !) J'ai donc beaucoup soupiré, trouvé le temps long, pas compris l'engouement pour ce livre. Seule la fin a su trouver grâce à mes yeux, enfin un choix judicieux, qui en appelle à l'imagination du lecteur. Mais l'auteur a succombé à la facilité en publiant une suite. Hélas.

Audiolib, mai 2010 ♦ texte intégral lu par Jean-Marc Delhausse, Nathalie Hugo et Robert Guilmard ♦ traduit par Anne-Sophie Anglaret pour les éditions Grasset & Fasquelle

24 juillet 2014

Hunger Games, de Suzanne Collins

Hunger Games

Dans un futur sombre, sur les ruines des États-Unis, un jeu télévisé est créé pour contrôler le peuple par la terreur. Douze garçons et douze filles tirés au sort participent à cette mise en scène sinistre. Pour gagner : survivre dans l'arène en éliminant sans scrupule ses adversaires. Katniss Everdeen, qui vit dans le District 12 (le plus pauvre), a conscience du danger lorsqu'elle se porte volontaire. Mais elle n'a plus le choix, puisque c'est le nom de sa sœur, Primrose, qui a été désigné. 
Commence alors une lente et très glaçante dégringolade dans l'horreur, que l'on ressent via le ton de la voix de Kelly Marot (également l'actrice qui double Jennifer Lawrence dans le film). C'est sobre, assez morne, limite déprimant. Au départ, j'avoue, cela a failli me déplaire. Car Katniss est une héroïne animée par la rage, la colère et la frustration. Je m'étais donc préparée à une lecture plus pêchue. Une conduite dynamique et passionnée.
Finalement, c'est assez différent... sans toutefois être décevant. Car le rythme a suivi, l'ensemble a fait corps, entre l'intrigue haletante et les personnages dévastés, le ton apparaît alors assuré, farouche et inflexible. J'ai très vite été dans mon élément ! Certes, ce n'était plus une découverte (lu le roman à sa sortie, vu le film, etc.). Le plaisir de la découverte est ravalé, mais la sensation de satisfaction demeure intacte. Cela reste une plongée époustouflante pour une relecture toujours aussi palpitante !
Cette fois, place aux émotions et aux introspections (Katniss qui se défend d'être une héroïne, au sens de rébellion encore en gestation, le poids de la culpabilité d'avoir à éliminer ses concurrents, sa nature froide et sans cœur enfin fragilisée par sa rencontre avec Peeta...). Ce n'était plus la fringale insatiable et vorace, mais c'était autrement, un beau et doux sentiment qui rend cette lecture vraiment à part !

Audiolib, juin 2014 ♦ texte intégral lu par Kelly Marot (durée d'écoute : 11h 40) ♦ traduit par Guillaume Fournier pour les éditions Pocket jeunesse

Les deux prochains volets sortiront à l'automne !   

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19 septembre 2014

Complètement cramé ! de Gilles Legardinier

Complètement cramé

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Andrew Blake, un anglais très riche, n'a plus le goût de rien et se sent seul (sa femme est morte, sa fille vit en Californie). Il décide de tout plaquer pour s'installer en France, où il vient de se faire embaucher comme majordome dans un manoir. Une mise au vert qu'il pense bénéfique. Sur place, toutefois, il est tenté de faire machine arrière, effarouché par ses rencontres : Mme Beauvillier vit cloîtrée dans ses appartements, dans le culte de son mari décédé, la cuisinière, Odile, est revêche et guindée, le régisseur, Magnier, est un rustre sans cervelle, seule la femme de chambre, Manon, lui inspire une sincère sympathie (elle a l'âge de sa fille, qui lui manque cruellement). Malgré tout, l'oiseau fait son nid. Et par sa simple présence, Blake va révolutionner la vie des habitants du manoir... un pur bonheur !

Certes, le roman sifflote en ritournelle « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ». Car tout est bienfaisant, bien-pensant et insuffle tendresse et compassion. Eh oui, encore une lecture qui prône les valeurs de l'entraide et du partage. Ici l'auteur propose de faire table commune des petits malheurs des uns et des autres pour une coordination salutaire. Youhou. C'est délicieusement utopique, sans cynisme, tout simplement drôle et attachant. Et moi je raffole de ces lectures douillettes, qui laissent entrevoir un monde doux et joyeux, avec des spécimens rares et précieux, capables de redonner goût aux plaisirs simples de la vie.

Philippe Résimont enchante le lecteur par son interprétation virevoltante du flegme britannique confronté aux frilosités d'une petite communauté française, pourtant encline à succomber à son grain de folie. Oui, ce livre fait du bien. Gilles Legardinier nous démontre une nouvelle fois que, sans l'aide d'artifices grossiers, on peut raconter une histoire en toute simplicité et ainsi toucher le lecteur. Bim bam boum. J'ai adoré !

Audiolib, septembre 2014 ♦ texte intégral lu par Philippe Résimont (durée : 9h 37) ♦ disponible en papier chez Fleuve Noir ou Pocket

25 novembre 2014

Les Vacances du Petit Nicolas, de Sempé et Goscinny

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Les vacances, c'est chouette ! Avec le Petit Nicolas, c'est double plaisir assuré ! 

Bidonnade assurée à la lecture de cette chronique déjantée, et interprétée avec brio par Benoît Poelvoorde en version audio : l'énergie du comédien belge colle formidablement à l'esprit ludique et facétieux du Petit Nicolas. Ce sont deux heures d'écoute pleinement réjouissantes ! J'en demande encore.

Pour les vacances, Nicolas et ses parents partent à la mer dans un hôtel assez chic, où ils vont d'ailleurs retrouver de vieilles connaissances. Golf, châteaux de sable, balade en mer remplissent les journées du petit garçon turbulent, alors que son papa tente, tant bien que mal, de garder son self-control en canalisant les bêtises de son fiston et oublie l'idée même de se reposer !

Puis, Nicolas part en colonie de vacances pour la première fois de sa jeune existence. Tandis que ses parents s'étranglent d'émotion et d'angoisse, l'enfant laisse éclater sa joie à la perspective de partir à l'aventure (camping dans la forêt, nuit à la belle étoile, feux de camp etc.). Sur place, Nicolas se fait des tas de nouveaux copains, tous plus délurés les uns que les autres, naturellement. C'est leur moniteur qui va vivre un séjour à cent à l'heure ! 

Et enfin, retour à la maison. Tout le monde vaque à ses occupations : papa sur son canapé, à lire son journal, maman aux fourneaux (ouh ! les vieux clichés qui démangent la lectrice de 2014)... et Nicolas qui s'ennuie. Pourquoi ne pas faire germer un haricot sur un bout de coton, tiens ? Ou toquer à la porte de la petite voisine, Marie-Hedwige, pour se raconter ce fabuleux été !? 

Je n'avais jamais pris le temps de découvrir cette série, je la découvre avec ravissement et je n'ai fait que rire du début à la fin ! Il y a un petit parfum de tendre nostalgie, le goût de l'enfance, de la bonne humeur, de la simplicité, une vraie joie de vivre, des bêtises, de la dérision, bref tout ça fait qu'on ne s'ennuie pas un seul instant. J'ai adoré. 

Gallimard jeunesse, coll. écoutez lire, juin 2014 ♦ Folio junior, édition spéciale comprenant : Le Petit Nicolas - Les récrés du Petit Nicolas - Les vacances du Petit Nicolas (avril 2014)

18 février 2015

Celui qui sera mon homard, de Tom Ellen & Lucy Ivison

« Elle est sexy, elle vit dans une maison immense et elle porte le nom d'une bière. C'est la femme idéale. »

Celui qui sera mon homard

Sam et Hannah se rencontrent à une fête (passent dix minutes ensemble dans les toilettes) puis se quittent sans s'être échangés leurs noms ou leurs coordonnées. Hannah le jure à ses amies, « c'est son homard », celui pour qui elle serait prête à sacrifier sa virginité. C'est lui, le bon, le seul, l'unique. De son côté, Sam aussi en pince sérieusement pour la jolie inconnue mais vient de décrocher un rencard avec une autre demoiselle ... la meilleure amie d'Hannah ! C'est l'été, le temps des vacances, de l'insouciance et de la tortueuse question du “déniaisement”. Sam et Hannah ont 17-18 ans, des tonnes d'arrière-pensées et la trouille de se tromper. Alors ils vont se perdre, se retrouver, se méprendre ou balbutier des vérités arrangées. Croyez-le ou non, c'est une lecture hyper attendrissante et aux effets inattendus ! Car le roman est très drôle, confondant de maladresse, adorable et authentique, truffé d'allusions à Harry Potter, Twilight et tout le reste, qui nous font rire énormément. L'histoire vous embarque dans les aventures délirantes d'une bande de potes (soirées, plage, rencontres, beuveries, bisous, camping, festival dans un champ, séance d'épilation, trampoline, le grand soir, etc.). Il est question d'amour, d'amitié, d'avenir, d'études, du temps qui passe (trop vite), du changement d'attitude, des attentes et de la frustration. Mais c'est surtout raconté de façon cocasse, sans détour ni vulgarité. Et j'ai adoré. C'est comme un livre de Sarra Manning : audacieux, tendre et sincère. Sans complexe. Sans tabou. Et très, très drôle. Je le conseille fortement. ♥♥♥

Gallimard, coll. Scripto, février 2015 ♦ traduit par Julie Lopez (Lobsters)

Existe dans le même registre : L'amour, mode d'emploi de William Nicholson, qui est nettement moins drôle mais moins daté que Pour toujours de Judy Blume.

 « We need more books like this. »

« Plus grands sont les obstacles, plus vous êtes faits pour être ensemble. Regarde Ron et Hermione. Des obstacles partout. Mais Hermione a-t-elle baissé les bras quand Ron est sorti avec Lavender Brown ? Ron a-t-il baissé les bras quand Hermione s'est tapé ce joueur de Quidditch bulgare ? Ont-il laissé la pression de devoir retrouver les derniers Horcruxes les séparer ? Non. Grâce à tous les drames qu'ils ont traversés, ça a été encore plus poignant quand ils se sont finalement mis ensemble. » ☺

6 mars 2015

Pêle-mêle Clarabel #57

 

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J'ai craqué pour la couverture et les illustrations de Becky Palmer, qui nous convie dans une histoire fantasque autour d'une soupière magique et d'un porridge qui gargouille de plaisir et ne connaît plus ses limites. C'est démentiel, surprenant et joliment illustré. Avec une touche d'humour british aussi. 

La Soupière Magique, de Becky Palmer (Sarbacane)

♦♦♦ 

J'ai également fait la connaissance de l'intrépide Cerise. ENFIN, penseront certaines. Cerise rêve de devenir écrivain. En attendant, c'est dans son journal qu'elle raconte le monde qui l'entoure, quitte à imaginer des histoires romanesques. Comment ne pas être sous le charme ? Ambiance, couleurs, histoire... tout me plaît et invite à découvrir la suite. 

Les Carnets de Cerise, tome 1 : Le Zoo Pétrifié, de J. Chamblain & A. Neyret (éditions Soleil)

 ♦♦♦

Pour finir, j'ai replongé avec délice dans les premières histoires d'Akissi, réunies dans cette édition spéciale au format sympa (couverture souple et couleur éclatante).  Je ne me lasse pas du charme exotique, des aventures casse-cou de la fillette, de sa bande de copains et du folklore local, cela vous met en joie pour la journée ! 

Akissi : Histoires pimentées, de M. Abouet & M. Sapin (Gallimard)

 ♦♦♦

26 mars 2015

Tout ce que je suis, d'Anna Funder

TOUT CE QUE JE SUIS

Ruth a toujours vénéré sa cousine Dora qui, par son tempérament enflammé, prend tous les risques pour défendre les causes auxquelles elle croit. Toutes deux juives, vivant en Allemagne, elles sentent enfler la menace du nazisme et assistent attérées à la montée en puissance de Hitler. Elles décident alors de se réfugier à Londres, où elles vont poursuivre leur lutte contre le totalitarisme, pensant alerter l'opinion publique internationale.

Ce roman raconte non seulement une histoire politique auprès d'activistes gauchistes mais mêle aussi leurs tourments sentimentaux. Ruth est folle amoureuse d'un journaliste, Hans, qui brillait par son arrogance dans la société berlinoise mais qui ne va pas supporter l'anonymat dans lequel il sombre en s'installant à Londres. Dora multiplie les liaisons, sans parvenir à se détacher de l'écrivain, Toller, dont les troubles psychologiques le rendent difficile à cerner.

Derrière le romanesque, se cache aussi une grand part de vérité en s'inspirant de personnages réels, Ernst Toller, Hans Wesemann, Dora Fabian, Ruth Becker, Berthold Jacob etc. ayant tous existé ! L'auteur a donc réussi à confondre le fictif à l'historique avec beaucoup de brio. De fait, l'histoire de ces militants est franchement passionnante, digne d'un véritable roman d'amour et d'espionnage. Lecture captivante, poignante, un peu longuette à démarrer, mais lecture intelligente, nous plongeant illico dans les rouages de la résistance, entre suspicion, trahison et refus d'abdiquer.

On suit quatre destinées éclaboussées par le désordre qui règne en Allemagne, d'où surgira l'obscurantisme, qui déploiera ses tentacules par-delà les frontières. Cette force de frappe est stupéfiante, on le découvre dans ce roman brillant et imprégné d'authenticité. Plus d'une fois, on se sentira le cœur pris en étau, éprouvant de l'admiration, de la pitié, de la tristesse et de l'effroi. L'intrigue est complexe, parfois lourde, parfois lente, mais elle est riche de parcours étonnants, courageux et bouleversants. 

10/18 ♦ janvier 2015 ♦ Traduit par Julie Marcot & Caroline Mathieu

pour les éditions Héloïse d'Ormesson (All That I Am)

TOUT CE QUE JE SUIS Broche

28 mars 2015

En poche ! # 40

Petite sélection non exhaustive des dernières nouveautés en format poche...

♦♦♦♦♦♦

Une saison à Longbourn   Le prix de l'innocence

Une saison à Longbourn, de Jo Baker

Le prix de l'innocence, de Willa Marsh

 

Percy Darling   Courir vers toi

Les joies éphémères de Percy Darling, de Julia Glass

Courir vers toi, de Rachel Gibson

 

DIX DE RETROUVÉS   COMME ONZE COMPREND

Dix de retrouvés, de Janet Evanovich ♦ INÉDIT ♦

Comme onze comprend, de Janet Evanovich ♦ INÉDIT ♦

 

M   Chers voisins

M. Pénombre, libraire ouvert jour et nuit, de Robin Sloan

Chers voisins, de John Lanchester

 

LA DISPARUE D’ANGEL COURT   Le passage du diable

La disparue d'Angel Court (Une enquête de Charlotte et Thomas Pitt #30), d'Anne Perry

Le Passage du Diable, d'Anne Fine

 

Un Goût de cannelle et d'espoir   La vie secrète

Un Goût de cannelle et d'espoir, de Sarah McCoy

La vie secrète d'Eve Elliott, de Diane Chamberlain

 

Calpurnia

Calpurnia, de Jacqueline Kelly

5 juin 2015

L'Affaire Cendrillon, de Mary Higgins Clark & Alafair Burke

L'AFFAIRE CENDRILLON

Après le succès de son émission Suspicion, qui avait permis l'arrestation d'un tueur jamais inquiété, dans Le bleu de tes yeux, Laurie Moran travaille sur une nouvelle affaire non résolue : l'Affaire Cendrillon. Vingt ans plus tôt, la ravissante Susan Dempsey a été assassinée en pleine gloire. Actrice prometteuse et informaticienne de génie, la jeune femme était destinée à une brillante carrière. Sa mère inconsolable accorde aussitôt toute sa confiance à Laurie pour diffuser l'enquête en prime-time.

L'équipe se réunit en Californie et enchaîne les entretiens avec les protagonistes de l'époque (le petit ami suspect, le célèbre réalisateur d'Hollywood, la starlette en perte de vitesse, la colocataire sibylline, le professeur d'informatique au charisme fou, l'ancien collègue devenu millionnaire...). La tension est palpable, chacun demeurant sur la réserve, avec aussi en coulisses un tueur psychopathe engagé pour faire taire des témoins indésirables pour le compte d'une secte religieuse.

L'ensemble est plutôt habile et prenant à suivre, même si le dénouement de l'intrigue n'est pas non plus hyper haletant. Mais je ne regrette absolument pas d'avoir donné une nouvelle chance à M. Higgins Clark, qui s'associe pour l'occasion avec Alafair Burke (nom inscrit en tout petit sur la couverture). Cette nouvelle série façon Cold Case, écrite à quatre mains, se veut moderne et dynamique et dépoussière les tics de l'américaine, lisses et proprets, qui me font grincer des dents..

Marcha Van Boven, la lectrice pour Audiolib, offre une interprétation exemplaire et convaincante, en faisant corps avec le récit et les personnages, donnant aussi une ampleur non négligeable à la mise en scène. Elle a su grandement contribué à mon appréciation enthousiaste du roman.

Audiolib ♦ mai 2015 ♦ texte lu par Marcha Van Boven (durée  9h 11) ♦ traduit par Anne Damour et Sabine Porte pour les éditions Albin Michel (The Cinderella Murder)

5 juin 2015

Chut ! je lis : Le Club de la Pluie au pensionnat des mystères, de Malika Ferdjoukh

Profiter du soleil pour replonger dans les aventures du Club de la Pluie (de Malika Ferdjoukh) ! 

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Nostalgiques des séries à la Enid Blyton, cette lecture est pour vous ! Rose, Nadget et Ambroise sont élèves au pensionnat des Pierres-Noires, à Saint-Malo, et trompent leur ennui en résolvant des énigmes et autres enquêtes intrépides. Ils ont même créé le Club de la Pluie et sont à l'affût du moindre détail troublant pour y mettre leur grain de sel.

On frissonne de plaisir à les suivre dans leurs aventures, dans les couloirs hantés de leur école ou les allées d'une fête foraine, à traquer un redoutable voleur d'objets précieux ou démasquer un fantôme, tout ça dans une ambiance bon enfant et délicieusement affolante.

C'est du Malika Ferdjoukh pur jus ! Une écriture exquise, des références au cinéma rétro & la sensation d'une bulle réconfortante... on ne s'en lasse pas. Notez que la réalisation sonore du livre lu nous réserve une entrée en matière particulièrement tonitruante ! Je n'ai pas pu m'empêcher de sursauter. 

Texte lu par Alice Butaud (Rose), Vincent de Boüard (Ambroise) et Clémentine Niewdanski (Nadget) ♦ Musique composée et interprétée par Cécile Maisonhaute

♦ Livres précédemment lus ici

Chut ! les livres lus de l'école des loisirs / mai 2015

31 juillet 2015

Ça peut pas rater ! de Gilles Legardinier

CA PEUT PAS RATER

Humiliée par son petit copain, qui la largue après dix ans de vie commune, Marie décrète qu'elle en a assez des hommes et entend se passer d'eux... Mais voilà qu'elle reçoit la lettre d'un admirateur secret, qui la rend toute guillerette ! Qui, parmi son entourage, se languit d'elle en soupirant ? À peine le temps de dresser une liste de potentiels qu'elle s'embarque dans de folles péripéties !

D'abord, sauver la boîte où elle travaille, contre le plan de redressement préparé en douce par le patron. Puis, rendre la pareille à son ex goujat, qui exhibe sa nouvelle conquête sous son nez, et préparer avec gourmandise le sabotage de sa soirée déguisée. (Quel grand moment !) Jouer l'entremetteuse pour sa meilleure amie, et échafauder des ruses pour démasquer sa groupie de l'ombre, au risque de se ridiculiser.

Jackpot gagnant avec cette lecture enjouée et délirante, qui parvient à alterner les séquences cocasses, sensibles et vraies sans jamais dramatiser, et en assumant pleinement son goût pour la dérision ! J'adore. C'est très, très drôle, avec un portrait de femme, blessée et malheureuse, mais à l'énergie débordante. On ne peut que s'attacher à Marie, à travers laquelle on se reconnaît insidieusement dans son désir de repli de la scène amoureuse, sa profonde amertume et sa confiance bafouée.

Le roman fait aussi montre d'une certaine lucidité concernant la vie de couple, pas toujours parfaite, et de l'antagonisme entre les hommes et les femmes, même si cela reste la plus vieille valse du monde ! On peste, on râle mais on y revient sans cesse. Bref, j'ai été transportée à l'écoute de Clémentine Domptail, qui a su offrir une lecture agréable et pétillante. Ce sont 10 h 30 passées en un clin d'œil, pour un rendez-vous toujours très apprécié avec cet auteur. G. Legardinier conforte l'idée que toute prescription littéraire devrait être obligatoire contre le blues !

Audiolib / Juillet 2015 ♦ Texte lu par Clémentine Domptail (durée : 10h 30) ♦ Fleuve Noir, 2014

8 septembre 2015

À un détail près, de Kristan Higgins

A un détail près

Quoi de mieux, en cette période de déprime post-vacances, qu'un roman de Kristan Higgins pour vous rendre la vie plus doucereuse et supportable ? Et se consacrer ainsi à une histoire de cœurs brisés, qui cherchent à colmater ses failles dans une petite ville new-yorkaise (Manningsport), avec un bataillon de personnages attachants et tendrement envahissants. Un programme peu folichon, au scénario téléphoné, mais dont le traitement ne manquera pas de vous surprendre par sa fraîcheur, son humour et son énergie.

Tout commence sur les chapeaux de roue : Faith Holland décide de rentrer au bercail pour affronter ses vieux démons (un fiancé gay qui l'a plantée devant l'autel) pour ensuite trouver l'homme de sa vie. Cela implique également de revoir Levi Cooper, désormais le chef de la police locale, ancien héros de guerre et meilleur ami de son ex, à l'origine du sabotage de son mariage. Ces deux-là ne se portent pas une estime folle, mais font contre mauvaise fortune bon cœur.

Amenés à se croiser souvent, parfois dans des situations embarrassantes (la scène des toilettes !), ils génèrent par leurs dialogues de chouettes moments de lecture qui font mouche. C'est piquant, drôle et ça distille une intensité sexuelle appréciable, car jamais racoleuse. C'est ce que j'aime tant dans les livres de K. Higgins, qui sont avant tout des comédies romantiques, brassant des valeurs traditionnelles, des couples charmants et des intrigues simples mais efficaces. (L'auteur fustige par deux fois une célèbre saga aux nuances grisâtres...) ;-)

Cette lecture offre un concentré de bonheur, sur 450 pages, entre tendresse, émotion et une avalanche de clichés. J'ai adoré me promener dans les rues de Manningsport, avaler un café chez Lorelei ou dévorer des nachos chez Colleen. C'est juste doux, réconfortant, attachant et attendrissant. Kate est une héroïne moderne, loin d'être parfaite, avec son physique moelleux et sa vieille peur de finir seule. Elle a besoin de reprendre confiance en elle en chassant son sentiment de culpabilité depuis la mort de sa mère.

Et donc, Levi... taciturne et renfrogné, traumatisé par son passé, incapable de se confier aux autres, a lui aussi du travail à accomplir pour laisser libre cours à sa corde sensible. L'alchimie au sein du couple est réelle, touchante et pleine d'allant. Autour d'eux gravite l'imposante et infatigable famille Holland qui, par leurs anecdotes et leurs frasques, offre un portrait explosif et déjanté ! J'ai franchement hâte de les retrouver dans les prochains livres à paraître (au moins 4). Et je conclurai sur cette note, que seuls les initiés comprendront, en reconnaissant à Justin Timberlake un “potentiel” insoupçonné ! ^-^

éditions Mosaïc / Juin 2015 ♦ Traduit par Karine Xaragai (The Best Man)

17 novembre 2015

La Fille du train, par Paula Hawkins

LA FILLE DU TRAIN CD

Tant de buzz autour de ce livre... et la volonté d'apprécier ce que la lecture me réserverait, coûte que coûte. J'ai donc zappé les avis qui circulaient déjà en masse pour me consacrer sereinement à cette histoire qui est dans l'air du temps (une narratrice peu fiable, une intrigue nébuleuse, le coup de théâtre final).

Rachel prend le train tous les jours pour se rendre à Londres. Elle passe tous les matins devant son ancien quartier, où son regard effleure sa maison, désormais habitée par son ex et sa nouvelle compagne. Elle se complaît également dans le spectacle offert par le couple voisin, qui lui semble si parfait et infaillible. Or, un jour, Rachel surprend la jeune femme dans les bras d'un autre homme, en train de s'embrasser. Puis apprend qu'elle a disparu et que la police effectue des recherches actives. Rachel, convaincue de posséder des éléments essentiels, n'hésite pas à s'investir dans l'enquête... même si les inspecteurs la considèrent avec commisération et la traitent de témoin peu fiable, du fait de son alcoolisme notoire. 

Toute la force du roman vient - selon moi - des trois intervenantes dans l'histoire, dont les rôles interchangeables viennent complètement troubler notre perception de l'intrigue. On ne cerne plus la plus crédible ou la plus coupable des trois et c'est assez perturbant. Cela compense aussi avec le peu d'action dans notre affaire, qui tient la distance grâce à une pression psychologique constante et finement jouée. J'ai certes vu venir la fin, mais ai attendu jusqu'au point final pour obtenir toutes les réponses. Qu'on aime ou pas, cela reste une lecture redoutable sur un plan machiavélique, et efficace pour le climat lourd, suspicieux et tendu de bout en bout.

Les trois comédiennes, Valérie Marchant, Joséphine de Renesse et Julie Basecqz, apportent au livre audio (Audiolib) une dimension théâtrale très appréciable, en jouant chacune leur rôle avec une sensibilité qui leur est propre. Cette interprétation fausse aussi la partie et confond le lecteur résolument perplexe (et impatient de connaître la suite). Mieux qu’un thriller exceptionnel, l'éditeur parle de « piège paranoïaque et jubilatoire ». Écoutez-le, vous comprendrez pourquoi.

Audiolib / novembre 2015

Texte lu par Valérie Marchant, Joséphine de Renesse et Julie Basecqz (durée : 11h 44)

Traduit de l'anglais par Corinne Daniellot (The Girl on the Train) pour les éditions Sonatine

7 juin 2016

Le Journal de Mr Darcy, d'Amanda Grange

JOURNAL DE MR DARCY

« Mes pensées vagabondèrent. Allais-je trouver Elizabeth changée, depuis l'automne ? Serait-elle surprise de me voir ? Non. Elle était informée de ma présence. Serait-elle heureuse ou contrariée ? Heureuse, bien sûr. Renouer connaissance avec un homme de ma position doit être désirable à ses yeux. »

Pour les besoins du Mois Anglais, j'ai choisi de relire ce roman, non par conviction, mais parce que c'était le seul disponible en livre audio, le format qui m'accommodait le mieux. Mais dès les premières notes lues par Richard Andrieux, j'ai bien failli regretter mon choix. Ce que j'entendais était affreusement guindé, solennel et plat, car le narrateur opte pour une articulation qui frise le ridicule, prétendant sans doute coller au personnage de Darcy, mais c'est beaucoup trop affecté et peu agréable à l'écoute. J'ai fini par m'y habituer, sans être follement conquise. Et c'est bien pour me fondre dans le décor de cette délicieuse Angleterre georgienne que je n'en ai fait qu'une bouchée.

L'histoire se veut la libre interprétation du roman de Jane Austen (Orgueil & Préjugés) en octroyant au personnage de Darcy des pensées intimes et coupables qu'il déverse dans son journal. Lui, dont on raffolait le mystère, le charme ténébreux, la stature imposante et vénérable, nous apparaît cette fois hautain et arrogant, encombré de préoccupations de second ordre, dont des atermoiements sentimentaux qui le relèguent à sa position de simple humain... Oh non. Darcy est un fantasme. Darcy est une énigme. Darcy ne peut descendre de son piédestal. Darcy a évidemment une haute opinion de sa personne et se compromet en ressentant cette inclination pour Elizabeth Bennet, de condition sociale inférieure, en plus d'être affiliée à une famille stupide et vulgaire. Ses sentiments lui coûtent et il se sent honteux de les avoir, sa première déclaration est donc un déchirement du cœur. ^-^ L'histoire, ainsi, n'est guère surprenante. Tout a déjà été écrit et on ne peut en attendre davantage. Au lieu de ça, on rembobine la pellicule et on repasse le même disque avec la lettre d'excuse, la visite de Pemberley, la fuite de Lydia, la mission de sauvetage et les émotions florissantes... Ouhlala. C'est nettement moins excitant de découvrir un Darcy qui tombe le masque. Cela le rend soudainement moins attirant, trop accessible. Quelle désillusion.  

Il faut donc se munir d'une bonne dose de cynisme, avec un goût prononcé pour le second degré, pour se lancer dans cette lecture, qui n'a pas su gagner mes faveurs. J'ai en effet l'impression d'une supercherie, avec des personnages méconnaissables, limite méprisables, et une intrigue peu fouillée, trop réchauffée, sans compter certaines incongruités comme les balbutiements ou les rougeurs à répétion... Que diable !? On se croirait dans le film de Joe Wright ! Il est sans nul doute appréciable de succomber au plaisir coupable d'une douce illusion, c'est le propre de chaque austenerie, en adoptant la philosophie du lâcher prise pour éviter de s'offusquer à chaque détournement sordide.  ;-)

Texte lu par Richard Andrieux pour Hardigan, janvier 2016 (durée : 8h 02) 

©2012 Milady. Traduit de l'anglais par Claire Allouch (P)2016 e-Dantès

Le Journal de Mr Darcy | Livre audio

>> Le livre audio est disponible en exclusivité sur Audible, uniquement en téléchargement.

Audible Journal de Mr Darcy Audible Mr Darcy

 

# Mois Anglais 2016 : Autour de Jane Austen

Mois Anglais 2

 

« La seule chose qui me hante alors que j'écris est le regard que je surpris de la part de Miss Elizabeth Bennet lorsque je fis remarquer qu'elle n'était pas assez belle pour me donner envie de danser. Si je ne savais pas que c'est impossible, je dirais qu'il était ironique. »

 

16 septembre 2016

Entre ciel et Lou, de Lorraine Fouchet

Entre ciel et lou

La mort de Lou a mis sa famille k-o. Sa santé vacillante, ses pertes de mémoire ont finalement conduit son époux Jo à la placer dans une maison spécialisée, à seulement cinquante-huit ans. Trop jeune pour être écartée, trop jeune pour s'éclipser. Leurs enfants, Cyrian et Sarah, n'ont jamais compris le choix de leur père et lui en tiennent rigueur.
La lecture du testament va conforter leur acrimonie, lorsque le notaire énonce à voix haute que Jo aurait “trahi” Lou, selon les dires de celle-ci. La suite du document est cependant confidentielle, les enfants sont priés de quitter l'office, non sans une certaine amertume. Très déçus par leur père, ils imaginent une tromperie impardonnable et repartent le cœur lourd.
Seulement, Lou a confié à son mari la délicate tâche de rendre leurs enfants heureux. Elle le sait, elle a été une épouse comblée, une mère épanouie, mais hélas Cyrian et Sarah n'ont pas hérité leur droit au bonheur. C'est au tour de Jo de rectifier le tir, en toute discrétion.
Cette mission n'enchante pas notre veuf éploré, depuis longtemps ses enfants et lui ont vécu des vies parallèles. Cyrian mène une existence bourgeoise, complètement éteinte, et se tient à distance de Groix, où il prétend ne pas y trouver sa place. Le jour où son corps a lâché l'affaire (handicap, corps bancal, risques génétiques etc.), Sarah a vu son fiancé lui tourner le dos et a depuis renoncé à l'amour en ne s'attachant à personne.
Comment consoler cette famille cabossée par les aléas de la vie, la réconcilier avec la notion de famille, synonyme de valeur sûre et d'entraide, quand il n'y en a jamais été question, ou seulement pour sauver les apparences, et pour soutenir la mater familias ? Vas-y Jo ! Vas-y fonce. ^-^  

J'avais hésité avant de me lancer dans cette lecture, craignant un roman trop sirupeux ou larmoyant - sans vouloir dénoncer A. Ledig ou A. Martin-Lugand dans le genre - mais là pas du tout. J'ai été agréablement surprise par cette belle histoire d'une famille qui va droit dans le mur, complètement paralysée par ses émotions, et qui a trop l'habitude de conserver pour elle ses vérités, en contenant aussi ses élans affectifs. Ooooh, comme ça me parle, dis donc ! 
Et puis il y a aussi le cadre de l'île de Groix, véritable pivot de l'intrigue, et surtout un appel du pied pour y déposer ses bagages. C'est un cocon hors du temps, un refuge bienveillant, avec des personnages attachants (Maëlle, sa petite Pomme, les copains de banquet, où l'on se rappelle entre rires et larmes que Lou était une piètre cuisinière...). Soudain les chagrins et les peines vous semblent moins lourds, moins insurmontables. On guérit de tout, à Groix ! Il faut croire.
Bref. Cette bulle a su m'envelopper tout naturellement, et je m'y suis sentie très bien. Parfaitement à mon aise. J'étais prête pour écouter l'histoire de Jo, face au nouveau challenge de sa vie, un défi pour le forcer à ne pas couler à pic non plus, car notre homme est vraiment très, très triste d'avoir perdu son alter ego.
Pour s'accrocher à la vie, il se tourne vers ses enfants qu'il ne comprend plus. Au départ, il est un peu pataud dans ses tentatives de “colmatage”, et puis au fil du temps ses stratagèmes vont prendre forme et approcher le rêve inaccessible. Youhou.
C'est vraiment une chouette lecture, qui envoie de bonnes ondes et qui fait se sentir #heureux. Le choix des quatre comédiens (Audiolib) apporte une touche affective et donne une perspective réjouissante à l'épanouissement de cette intrigue simple, charmante et riche d'émotions. Chaque voix tient son rôle, idéal pour une immersion totale. À renouveler ! 

Texte lu par Maia Baran, Patrick Descamps, Frédéric Meaux & Colette Sodoyez pour Audiolib

Durée : 9h 09 - Août 2016

 

12 novembre 2016

L'Énorme crocodile, de Roald Dahl & illustré par Quentin Blake

L'énorme crocodile

Un énorme crocodile se sent d'humour gourmande et carnivore. “Pour mon déjeuner, j'aimerais un joli petit  garçon bien juteux.” Et comme il est convaincu d'être le plus audacieux de toute la rivière, il prend le pari de traverser toute la jungle jusqu'à la ville pour croquer son repas tant convoité. Il clame haut et fort avoir des plans secrets et des ruses habiles. Et de s'en aller crânement.

En chemin, ça se corse lorsqu'il croise d'autres réfractaires, comme Double-Croupe l'hippopotame, Trompette l'éléphant, Jojo-la-Malice le singe et Dodu-de-la-Plume l'oiseau, qui se gaussent de son projet ambitieux avant de subir le courroux du reptile obstiné. Clopin-clopant, l'énorme crocodile rejoint la civilisation et met en place son piège subtil n°1. 

Chapeau bas pour les idées perfides de la bête. Son machiavélisme force l'admiration, si ce n'est... l'intervention grossière de malotrus. Notre énorme crocodile n'a plus que l'estomac dans les talons et grogne de mécontentement. Sa faim est décuplée, il a un besoin urgent d'être rassasié ! Ah, ah. Le dénouement frôle l'absurde et le burlesque, mais soulève de grands cris de joie et de soulagement dans l'assistance. 

Hip-hip-hourra pour les grincheux ! Cette fable n'a absolument aucune morale, sauf de rappeler qu'il ne faut pas avoir les yeux plus gros que le ventre, sur un ton jouissif & tragicomique. Les illustrations de Quentin Blake participent beaucoup à cette illusion. Âmes sensibles s'abstenir. C'est un festival d'humour noir, hilarant et grotesque. 

Cette version, mise en musique par Isabelle Aboulker, est une découverte plaisante et originale. 30 musiciens de l'Orchestre de chambre de Paris, sous la direction de Pierre Dumoussaud, donnent du coffre et du chœur à ce récit malicieux, dont Yann Toussaint (baryton et crocodile), Yves Coudray (ténor), Anne Baquet (soprano) et les enfants du Chœur des Polysons. Une fabuleuse envolée de voix et d'émotions pour ce grand classique de Roald Dahl. 

Gallimard Jeunesse Musique - Novembre 2016 / Texte lu par FRANÇOIS MOREL

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31 décembre 2016

Le petit Lord Fauntleroy, de Frances H. Burnett : lu par Valérie Lesort

J'avais vu durant mon enfance le téléfilm réalisé par Jack Gold, avec Ricky Schroder et Alec Guinness dans les rôles de Cédric et son grand-père, ainsi que le dessin animé japonais, une version adorable du petit Lord Fauntleroy, mais je n'avais jamais lu le roman de Frances H. Burnett jusqu'à présent. Cet oubli est enfin réparé ! Et quel délice.  

Le petit Lord Fauntleroy CD

Cédric Errol a grandi heureux et insouciant à New York, sans se douter de l'existence de son grand-père anglais, le riche comte de Dorincourt, qui s'est fâché avec son fils. Peu après la mort de celui-ci, le vieil homme invite le garçon à le rejoindre pour hériter de son titre. Ce changement de vie ne va nullement perturber l'enfant ni altérer sa nature placide et généreuse. Car Cédric est aussi charmant que foncièrement bon. Il ne voit que le bien et est persuadé d'avoir un grand-père extraordinaire. Il est certes un peu contrarié de ne pas vivre sous le même toit que sa mère mais se console en lui rendant visite chaque jour à dos de cheval. Cédric ignore toute la vérité sur son grand-père : ce dernier n'a jamais accepté le mariage de son fils avec une américaine et la traite sans complaisance. C'est un homme froid et redouté dans toute la campagne environnante. Pourtant, au fil des jours, la vie auprès de Cédric va transformer cet homme acariâtre en un être sensible et bienveillant ! Ce classique de la littérature anglaise est une lecture onctueuse et sans aucune mièvrerie. Je le dis haut et fort. En cette saison doucereuse, qui me pousse à me gaver de sucreries, je ne pouvais que succomber à cette histoire improbable d'une amitié naissante entre un jeune garçon au cœur pur et son terrible grand-père constamment renfrogné. Tout n'est que bonté, amour et attendrissement, dans cette complicité sincère et touchante. Le cynisme est exclu. Et quel bonheur. Je termine mon année de lectrice sur une note de légèreté, de tendresse & de paix dans le monde ! 

Texte intégral lu par Valérie Lesort pour les Éditions Thélème (Durée : 4 h 29)

Téléchargement disponible sur Audible ** Promotions de Noël sur les titres enfants ** 

 

Collection : Folio Junior N°116 

Le petit Lord Fauntleroy

Illustrations : Charlotte Voake

Traduction : Charlotte et Marie-Louise Pressoir

 

16 janvier 2017

Harry Potter et l'Ordre du Phénix, de J.K. Rowling & Lu par Dominique Collignon-Maurin

Harry Potter et l'Ordre du Phénix CD

Ce pavé représentant pas loin de 1000 pages, on double aussi notre temps d'écoute, soit près de 31 heures, pour plonger dans un cinquième tome long, lent et volubile. Mais on le supporte sans peine car l'univers est si captivant !

Suite à l'issue tragique du Tournoi des Trois Sorciers, Harry Potter clame haut et fort le retour de Voldemort. Or, le ministère refuse de l'entendre et cherche à le bâillonner en salissant sa réputation dans la presse ou en le menaçant de l'exclure de Poudlard. Dumbledore, le directeur, se montre étrangement distant, ses amis Ron et Hermione n'ont donné aucune nouvelle durant les vacances, et des Détraqueurs sont apparus à Little Whinging pour attaquer Harry et son cousin Dudley. C'est bien tardivement que le garçon découvre l'existence d'une garde rapprochée, autrement dit l'Ordre du Phénix, auquel appartient son propre parrain. Cette résistance de l'ombre est néanmoins encore impuissante et s'épuise à se battre contre les ignorants, tandis que l'ennemi prépare son offensive sans perdre de temps. 

La rentrée s'annonce douloureuse et frustrante pour Harry, qui explore en même temps les joies de l'adolescence. Ô misère. Ils sont jeunes, fougueux et impatients, et aussi bêtes, jaloux et morveux. L'année promet son lot de singeries, comprenant les premiers émois amoureux, les rapprochements timides, les marmonnements inaudibles et les bisbilles futiles... Car Harry Potter est un héros en colère et ce n'est pas l'arrivée de Dolores Ombrage, chargée par le ministère de fourrer son nez dans les affaires de Poudlard, qui viendra calmer le feu qui brûle dans ses entrailles ! Oh non. Cette femme est stupide, mais redoutable. Et son acharnement, féroce. Ainsi s'écoule la vie de nos apprentis sorciers, entre les cours, les potions, les examens de fin d'année, le Quidditch, les hiboux, les elfes de maison, les feux de cheminée, les rendez-vous à Pré-au-Lard... et l'Armée de Dumbledore - Harry et ses amis ont outrepassé l'interdiction suprême et mis au point une ruse infaillible pour s'entraîner à lutter contre les forces du mal sous le nez de la Grande Inquisitrice ! Woow.

C'est long, c'est vrai, mais on ne peut qu'admirer la profusion de détails pour élaborer cet univers magique. Il y a sûrement trop d'éléments secondaires, comme les turpitudes des personnages, et d'autres qui apportent un éclairage inestimable, dont l'hôpital de Ste Mangouste et le drame des Londubat, l'occlumancie et les souvenirs de Rogue. La trame principale apparaît bien mince, concernant la lutte du bien contre le mal, et ne se déploie que dans les derniers chapitres. Comme souvent, le dénouement est tourbillonnant, intense et déchirant. Tout se bouscule et se précipite en quelques chapitres, hormis la discussion finale entre Dumbledore et Harry qui vaut son pesant d'or. 

Côté technique, Dominique Collignon-Maurin a repris le flambeau après la disparition de Bernard Giraudeau et a reproduit exactement la même interprétation, pleine de verve et d'intensité. J'ai juste trouvé que, parfois, il surjouait avec les voix de Dolores Ombrage ou de Hermione en particulier, ce qui rend la lecture un peu lourde et agaçante. Sinon, dans l'ensemble, j'ai été transportée par le faste de cette histoire ambitieuse et palpitante. Je suis même ravie de retrouver la série en format audio, après avoir craint pour son suivi, et j'attends les deux prochains épisodes avec joie ! Que le comédien adopte mesure et modération dans son ton et sa lecture, et ce sera parfait. ☺ 

Traduction de Jean-François Ménard pour Gallimard Jeunesse / Coll. Ecoutez Lire - Octobre 2016
Texte intégral lu par Dominique Collignon-Maurin pour une durée d'écoute d'env. 31 heures
Titre VO : Harry Potter and the Order of the Phoenix

Harry Potter et l'Ordre du Phénix

Cover Illustrations by Olly Moss © Copyright Pottermore Limited 2015

23 janvier 2017

Sherlock, Lupin & moi : Le Mystère de la dame en noir, par Irene Adler

Sherlock lupin et moiEn vacances avec sa mère à Saint-Malo, la jeune Irene Adler fait la connaissance de deux garçons de son âge, Sherlock Holmes et Arsène Lupin, durant cet été 1870. Tous trois deviennent inséparables et se promènent sur les remparts de la ville ou prennent le large à bord de leur petite barque pour échapper à la vigilance trop étroite de M. Nelson, le majordome des Adler. C'est donc par hasard qu'ils découvrent sur la plage le corps d'un homme échoué, puis qu'ils aperçoivent non loin une silhouette encapuchonnée qui prend la fuite en se sachant observée. Les trois camarades créent aussitôt leur club de détectives amateurs pour résoudre ce mystère, voyant que la police locale s'emmêle les pinceaux pour conduire son enquête. Mais à force de fourrer leur nez dans les affaires malouines, les habitants grondent contre ces jeunes intrus qui perturbent leur tranquillité. 
L'histoire ne manque pas de rebondissements et nous guide dans les dédales de la charmante station balnéaire en dégageant un parfum d'exaltation et de légèreté. L'intrigue combine suspense, action, danger et émotion avec habileté et sans esbroufe inutile. On se délecte aussi de l'ambiance cosy des vacances en bord de mer et du merveilleux cadre du 19ème siècle, avec s
es grandes et belles villas cossues, ses rituels de l'après-midi autour d'une partie de bridge ou d'une tasse de thé. À côté de ça, la jeune Irene, plus intrépide que jamais, s'échappe du carcan maternel pour vivre de palpitantes aventures en compagnie de ses deux amis. Et c'est justement la rencontre surréaliste de ces trois figures littéraires, flanquées d'une douzaine d'années, qui rend ce petit roman si attachant et curieux ! On y trouve déjà un Sherlock arrogant et vif, un Lupin malicieux et enjôleur et notre jolie Irene qui raconte leur étonnante rencontre et la naissance de leur amitié... avant tout le reste. 
Il s'agit en fait de Pierdomenico Baccalario (auteur de Ulysse Moore & La Boutique Vif-Argent) et Alessandro Gatti les réels instigateurs de cette nouvelle série. Le ton, le style, les illustrations de Iacopo Bruno sont d'ailleurs reconnaissables entre mille. L'idée également est attrayante. C'est toujours cocasse de plonger dans une histoire mettant en scène des personnages de fiction qui reprennent vie sous une autre plume et dont on imagine une enfance, des copains, des premiers émois etc. On prend ainsi plaisir à noter les détails et les références car les auteurs n'ont pas fait le job à moitié et ont puisé dans une matière consistante sans dénaturer l'objet de leurs études. Sherlock, Lupin et Irene sont jeunes et insouciants, ils ont pour passion commune les énigmes à découdre, ils grandissent auprès de leur famille dont on perçoit les failles ou les richesses à venir (les leçons de gym avec le scandaleux Théophraste, la voix divine d'Irene, les rapports délicats entre Mycroft et son frère). Pour l'heure, ce premier tome pose les bases et laisse planer le doute en titillant le lecteur pour le forcer à revenir s'il souhaite connaître d'autres vérités et expliquer comment ces trois-là ont vécu le destin que l'on sait. 
Séduite par tant de promesses, j'accepte avec joie cette invitation ! 

Traduit de l'italien par Béatrice Didiot pour les éditions Albin Michel Jeunesse - Janvier 2017

19 février 2017

Pêle-Mêle : Les Quiquoi et le bonhomme de neige qui ne voulait pas fondre - Mes amis Monstres - Il était trop de fois

les quiquoi

Revoici la bande des joyeux copains, composés de Boulard, Mixo, Pamela, Pétole, Raoul et Olive l'artiste ! Ce dernier a choisi de créer une ambiance hivernale pour ses amis, ciel gris et enneigé, c'est l'occasion de faire un gros bonhomme de neige. Mais pour éviter que celui-ci ne fonde sous les premiers rayons de soleil, la troupe l'entraîne sur sa luge jusqu'à la montagne. L'ascension est longue et périlleuse, au loin les copains entendent le hurlement de l'abominable gnome des neiges, puis croisent une marmoutte déchaînée qui les pourchasse jusqu'au fin fond d'une grotte. Quelle aventure ! Et ce n'est pas tout, du moins attendez-vous à une lecture rigolote, riche en rebondissements loufoques. Vous allez adorer cette série, son trait d'humour, son dessins colorés, ses dialogues savoureux et ses situations cocasses. Olivier Tallec et Laurent Rivelaygue combinent talent et humour pour une lecture qui ne peut que vous régaler ! 

♥♥♥ Les Quiquoi et le bonhomme de neige qui ne voulait pas fondre, de Laurent Rivelaygue & Olivier Tallec ♥♥♥

Actes Sud Junior BD - Février 2017

 

mes amis monstres

Isa est une adorable petite fille, qui aime beaucoup se déguiser. C'est sa manière à elle de combattre les monstres, qui s'introduisent la nuit dans sa chambre. Son chat Jean-François veille également sur elle en lui faisant des câlins. Mais il faut que ça change, aussi décide-t-elle de ne plus se cacher sous les déguisements et d'affronter réellement les monstres. Ils sont trois. Trois à se faufiler près de son lit. La fillette n'en mène pas large. Soudain, son chat bondit sur les monstres... et là, la tension monte d'un cran ! Ce serait toutefois étonnant de trembler de peur à la lecture de cet album aux allures pop et aux couleurs acidulées ! C'est comme un bonbon à découvrir. Une délicieuse sucrerie à croquer sous la dent. Miam ! Cette lecture est franchement extra, rigolote et fantasque. Elle chatouille les vieilles trouilles et dédramatise le problème des monstres en racontant une histoire complètement folle, qui donne envie de sourire ! Une thérapie radicale, joyeuse et bénéfique. ☺

Mes amis monstres, de Pooya Abbasian

Actes Sud Junior, Février 2017

 

il etait trop de fois

« Il était une fois un loup, grand et méchant. - Non ! Pas de loup ! Pensez aux pauvres petits lecteurs si sensibles qui risquent de faire des cauchemars… Pourquoi pas un chien ? Un gentil chien très mignon ? » C’est ainsi que commence cette histoire, où le loup est remplacé par un petit caniche rose... affamé. Il bondit sur un pigeon - malheur ! c'est rempli de microbes - il tombe alors sur un arbre magique à bonbons - nan, c'est mauvais pour les dents - alors il se rabat sur un navet - et s'il partageait avec les animaux de la forêt ? Amis de l'humour absurde, STOP ! Arrêtez votre chemin sur cette lecture, faussement rose prout-prout, car au menu c'est de la grosse poilade sur toute la ligne ! On se moque exprès de la bien-pensance actuelle (la moralité exemplaire, pas de sang, pas de clichés, des valeurs nobles...), sauf que cela ruine la créativité, l'élan, la spontanéité, le grain de folie... Place à l'imagination, à l'enfance, aux contes et aux histoires extraordinaires. Osez secouer les consciences, de toute façon les enfants savent pertinemment faire la part des choses. Vive le loup ! vive les classiques ! à bas la censure ! ☺

♥♥♥ Il était trop de fois, de Muriel Zürcher & Ronan Badel ♥♥♥

éd. Thierry Magnier, 2016

 

16 mars 2017

Pêle-Mêle : La soupe aux frites - Le Doudou fou - Mon ami Mahousse - Ouvre grand les yeux

la soupe aux frites

Parce que les enfants font grise mine en découvrant la soupe de papa, celui-ci tempère vite leurs grimaces. C'est nouveau, une soupe aux frites et aux bonbons, et juste un peu de poireaux pour adoucir le goût du sucré ! ... Miam, miam. Les enfants se régalent. Et quand il n'y en a plus, il y en a encore. Les enfants courent vite chercher les ingrédients pour aider leur papa à cuisiner de nouveau cette délicieuse recette ! ^-^

Quelle jolie farce ! Ou comment un papa roublard est également rattrapé par la rouerie de sa progéniture. Tel est pris qui croyait prendre, en somme ! Mais qui n'a jamais eu recours à quelques petits arrangements avec la vérité pour chasser de futiles réticences ? Vu comme ça, les enfants vont adorer les légumes verts. Ou pas.

Une histoire fabuleusement cocasse, des illustrations adorables, pour un album super drôle. ♥

La Soupe aux frites, de Jean Leroy & Ella Charbon

Ecole des Loisirs / Loulou & Cie, 2017

 

le doudou fou

Ouhlàlà, c'est le drame. Lola a perdu son doudou ! Malo vient à sa rescousse et cherche partout la trace du doudou fugueur. Tandis que Lola s'effrondre à vue d'œil, Malo rassemble ses doudous préférés (également un patchwork du doudou fou de son amie) et propose de prendre un bon goûter réparateur. 

Ne jamais sous-estimer l'importance du doudou chez un enfant ! Un album ordinaire, mais efficace avec les illustrations rassurantes de Kimiko, ses couleurs pastel et son histoire qui mêle suspense, rebondissements et humour. Une lecture ravissante, autour d'un sujet “crucial” pour les bambins ! ;-)

Le Doudou fou, de Kimiko

Ecole des Loisirs / Loulou & Cie, 2017

 

Mon ami mahousse

Mahousse l'éléphant et Mini le ouistiti sont deux super potes, et même si l'un est gros, l'autre riquiqui, ils partagent ensemble les mêmes activités (se protéger du soleil ou de la pluie, jouer de la musique, prendre le goûter, faire la toilette, lire une histoire) tout en composant avec leurs différences mais en réussissant à les conjuguer !

Une chouette leçon de compromis, de complicité et d'entraide. Cet album réserve aussi sa petite touche d'originalité, puisqu'il propose deux versions de la même histoire, celle de Mahousse, puis celle de Mini, en version recto-verso. Ce méli-mélo astucieux ne manquera pas de surprendre et de piquer la curiosité des enfants !

Les illustrations de Giulia Bruel sont éclatantes et colorées. À leur façon, elles invitent au voyage, à l'évasion et à rêver ! J'ai beaucoup aimé. 

Mon ami Mahousse, de Jean Leroy & Giulia Bruel

Ecole des Loisirs / Loulou & Cie, 2017

 

ouvre grand

Chic, un album magique et foisonnant ! Un album qu'il faut d'abord découvrir... en fermant les yeux ! Si, si. C'est écrit noir sur blanc. L'enfant doit IMAGINER un paysage de campagne, par temps hivernal, avec un sol couvert de neige, des arbres blancs, et là, ouvrez les volets et admirez le tableau ! Magique, vous dis-je. L'exercice va ensuite se répéter, au fil des saisons, des couleurs et de votre imagination ! Exclamations garanties.

Cet album est ainsi truffé de ravissants petits détails, qui incitent les jeunes lecteurs à se pencher sur l'ouvrage, à chercher, à réfléchir, à rêver aussi. C'est une excellente lecture qui stimule efficacement la curiosité des bambins et donne lieu à une formidable fantaisie créative. L'album est de plus très coloré, illustré avec brio et ponctué de détails croustillants. Très chouette découverte. ☺

Ouvre grand les yeux, de Ramadier & Bourgeau

Ecole des Loisirs / Loulou & Cie, 2017

 

24 mai 2017

Le témoin invisible, de Carmen Posadas

Interprété par Marc-Henri Boisse pour Sixtrid (avril 2015)
Durée : 12h 35mn

Le témoin invisibleSi la Russie et les Romanov vous fascinent, alors ce livre est fait pour vous. Il est richement documenté, instructif et passionnant. Tout simplement excellent.
Il vous entraîne de suite dans la Russie du tsar Nicola II, dans l'intimité de la famille Romanov et dans la fureur de la révolution bolchévique. L'histoire est racontée par un vieil homme malade, Léonid Sednev, réfugié à Montevideo. Entre la fatigue, les douleurs et le temps qui file, il rassemble au mieux ses souvenirs d'ancien ramoneur au palais impérial, petite ombre furtive et témoin invisible des terribles événements ayant conduit au massacre du 17 juillet 1918.
Je le dis, je le répète, c'est captivant. Rien n'échappe à son regard, la vie de famille dans un cadre préservé, la symbiose parfaite, l'exubérance des princesses, la fragilité du tsarévitch Alexis, la dévotion de l'impératrice Alexandra, l'influence trop prononcée de Raspoutine, son assassinat, la colère du peuple, la guerre contre l'Allemagne, la famine, l'abdication et l'exil... 
J'ai trouvé dans ce récit une précision remarquable, couplée à un sens du romanesque grandiose. La combinaison des deux est une réussite. J'ai littéralement plongé au cœur de l'Histoire, j'avais la sensation de voyager dans le temps, de fureter dans les couloirs ou de me cacher dans les coulisses. J'étais spectatrice du bonheur et du malheur des Romanov.
Ce roman s'inspire donc de faits réels. Seule une personne est sortie vivante de la Maison à destination spéciale, soit Léonid Sednev, marmiton de quinze ans. Le matin du 17 juillet, celui-ci a été renvoyé chez lui sans explication. On ignore ce qu'il est devenu, car sa trace a été perdue, on ignore aussi s'il a rédigé ses mémoires, Carmen Posadas en a ainsi fait son héros, son “témoin invisible”, à qui elle prête une fascination amoureuse pour la grande-duchesse Tatiana et des émois balbutiants pour la délicieuse Maria.
Cette lecture s'ajoute sans doute à une longue liste, mais elle dégage un supplément d'âme qui en fait tout son charme. Une lecture foisonnante, poignante et palpitante. J'ai adoré. ♥
« Les grands secrets sont comme les sortilèges, ils s'évanouissent dès lors qu'on les expose. »

Trad. Isabelle Gugnon pour les éditions du Seuil - Disponible en Poche chez POINTS

Le Témoin invisible de Carmen Posadas

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